Dailton Hgw, Journée 3 : "Difficile mais pas impossible"
6H30, je sors de l'hotel et me remet en place sur la route. il n'est plus question de marcher. la prochaine structure habitable/vivable est à 375 km de chemin de terre, ( plus de route goudronnée). Avec la nuit que je viens de passer je n'imagine même pas camper sur le trajet. Alors j'attends, et j'attends encore. Hors de question d'abandonner maintenant. Je repense à tout ces gens que j'ai croisé et qui m'ont dit que c'était de la folie, que je n'y arriverai pas. Ça me motive encore plus à continuer. Mais il faut se rendre à l'évidence que ça va être compliqué. A partir de maintenant il n'y a plus aucun touriste (le peux encore présent à cette saison s'arrête au cercle arctique). Il n'y a que des camionneurs qui ont pour consigne de la part de leur compagnie de ne pas prendre d'auto-stoppeur.
Vers 8h30, je retourne à l'hôtel prendre un café. Je croise encore quelque travailleur qui prennent la route. A chaque requête de ma part j'essuie un refus.
Vingts minutes, je retourne faire du stop lorsqu'un jeune en 4x4 me dit qu'il peux me déposer à mi-chemin de deadhorse. Le hic.. Il va travailler dans une station de pompage pétrolière et l'accès étant restreint je devrai rester sur la route.
J'évalue rapidement la situation: il est tôt, je n'en peux plus de Coldfoot et ça peux amener une certaine dynamique à mon avancée. Je prends le risque de partir et d'être coincé là-bas.
Sur place, je suis déposé en pleine montagne. Je croise les doigts (gelé) pour être récupéré rapidement. Au ressenti de la température il n'y à pas de doute je suis sur la voie de l'arctique...au moins une bonne nouvelle.
Une heure et 578 tours de poteau plus tard (faut bien se réchauffer comme on peux), le jeune en truck ressort de l'enceinte avec son véhicule et s'arrête à ma hauteur.
J'ouvre la porte et lui demande:
-"Where are you going ?"
- "In deadhorse".
La phrase que je rêve d'entendre depuis trois jours!!!
Réchauffé par les émotions, je bondis dans son 4x4 avec un gout de victoire.